Au fur et à mesure que les jours passent leur sentiment est partagé entre l’angoisse et la colère. Ils font partie des 130 000 Français bloqués à l’étranger recensés par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Ce jeune couple de Pornichétins et leur petit garçon de 2 ans se sont envolés le 7 mars dernier pour Las Terrenas, en République dominicaine. Ils devaient y rester un peu moins de deux semaines dans une résidence familiale.
Mais dès les premiers jours de villégiature, à l’aune de l’évolution rapide de la pandémie, l’inquiétude de la petite famille de ne pas pouvoir rentrer s’est invitée au bord de la piscine. Nous avons été pris de court quand le samedi 14 mars Danilo Medina, Président de République dominicaine, a annoncé la suspension des vols vers l’Europe le lundi suivant. Nous avons aussitôt contacté notre compagnie Iberia, nous n’avons eu aucune information de leur part et nous avons découvert sur leur site que notre vol était supprimé. Depuis ce jour Iberia n’a jamais répondu à nos nombreuses demandes, pestent Florian et Jessica.
Entre fermetures de frontières et annulations de vols le piège se referme
Mais la galère ne fait que commencer. Entre fermetures de frontières et annulations de vols le piège se referme. Sur place, la situation se tend avec les premiers cas de Coronavirus, 72 déclarés et 2 décès. Le gouvernement local ne cesse de répéter que le Covid-19 a été amené par les touristes. Il n’est pas bon être Français. On commence à nous regarder de travers et la psychose s’installe. Pour l’instant ça va encore, on nous traite de Coronavirus, mais nous n’avons pas essuyé de menaces physiques. Qu’en sera-t-il dans quelques jours si la situation empire ? La République dominicaine a décrété depuis vendredi un couvre-feu nocturne.
Un groupe constitué sur les réseaux sociaux : #françaisbloquesenrepdom
A l’autre bout du monde ces Français « oubliés » s’organisent. Nous sommes plusieurs centaines. Pour échanger et nous entraider nous avons créé des groupes sur les réseaux sociaux comme #françaisbloquesenrepdom.
Ce qui les rend fou de rage c’est l’inefficacité des services de l’État. Nous sommes inscrits sur Ariane, le site de la diplomatie française qui permet de recenser et d’aider les personnes en difficulté à l’étranger. Nous avons signalé que nous étions avec un enfant de deux ans, mais jusqu’à samedi nous n’avions pas reçu de réponse.
Des bonnes nouvelles aussitôt suivies de mauvaises leur sont parvenues ces dernières 24 heures. « Vendredi nous avons réussi a acheté des billets pour rentrer ce lundi via Air France. Puis en soirée nous avons appris que notre vol était annulé. Hier samedi, l’ambassade nous a contactés pour confirmer que nous étions bien inscrits sur un vol pour lundi, mais dans la foulée Air France Caraïbes a appelé pour nous dire que le paiement des billets n’était pas parvenu à la suite d’un bug de la plateforme. C’est à en pleurer. Je crois qu’on va finir par devenir fous ! Et ce n’est pas fini car notre hypothétique vol part depuis l’aéroport de Punta Cana que nous allons devoir rejoindre ce qui actuellement n’est pas une mince affaire. Tant que nous ne serons pas dans l’avion nous n’y croirons pas !
« Beaucoup n’ont plus de logement à la suite de la fermeture des hôtels et certains n’ont plus d’argent »
S’il parvient à rentrer le couple ne compte pas rester les bras croisés. « Nous remuerons ciel et terre pour aider les Français qui sont toujours dans ce bourbier. Beaucoup n’ont plus de logement à la suite de la fermeture des hôtels et certains n’ont plus d’argent. Nous allons aussi constituer un groupe pour demander des comptes à Iberia qui nous a purement et simplement laissé à l’abandon.
Presse Océan Stéphane Le Hesran
